Rémi Kirstetter, l'homme au féminin

“J’ai appris à être un homme en assumant mon côté femme.” 

FRANCUS. Salut Rémi, pourrais-tu te présenter ?

R.Kirstetter:  Moi c’est Rémi, j’ai 27 ans. J’ai un parcours un peu éclectique. Je suis sage-femme de formation, c’est quelque chose qui a occupé une partie de ma vie. Les femmes, que j’ai côtoyées durant cette période, m’ont appris plein de choses. Elles ont forgé ma vision de la médecine. Plus tard, j’ai repris mes études de médecine et je suis maintenant en cinquième année, je passe l’internat dans un an. Je projette de faire de la psychiatrie et plus précisément de la psychiatrie périnatale car le lien mère-enfant m'intéresse beaucoup et c’est en lien avec mon ancien parcours. Il y a également d’autres domaines qui m’intéressent comme les adolescents avec lesquels on peut avoir davantage de discussions autour de problématiques comme: la sexualité, la digitalisation, les troubles du comportement alimentaire, etc. 

FRANCUS. Comment as-tu fait le choix d’être sage-femme au départ ? 

R.Kirstetter: C’est un heureux hasard si j’ai été sage-femme, forgé dans la douleur avec une découverte très tardive de ce qu’était ce métier-là. Je voulais faire médecine, je me suis inscrit, j’étais fils de médecin alors j’avais envie d’intégrer le corps médical. Egalement, tout petit je voulais faire de la danse classique, du ballet à l’âge de 5 ans. [Mon père ne m'a pas inscrit donc c’était un peu l’histoire de Billy Elliott.]
Du coup j’avais deux choses qui me plaisaient étant petit, c’était la danse et la médecine mais je ne me suis pas inscrit à la danse classique et je me suis concentré sur la médecine.

“J’ai toujours été très à l’aise dans des environnements féminins.”


FRANCUS . Qu’est ce qui te plaisait dans la danse ?

R.Kirstetter C’est un truc qui s’impose à toi, ma mère était danseuse amatrice et faisait du ballet. Elle a fait de la danse toute sa jeunesse et jusqu’à tard… 20 ans à peu près. Elle dansait encore quand elle était en école d’infirmière. J’ai toujours su qu’elle avait fait de la danse et cette esthétique du ballet de la danse classique m’a toujours attiré. Le ballet m'a toujours interpellé. J’étais un petit garçon, certes hétérosexuel mais je n’ai jamais été très genré garçon. J’ai toujours été très à l’aise dans des environnements féminins. À l’époque on ne parlait pas de ça, les garçons faisaient des trucs de garçons et les filles des trucs de filles. Ce n’est pas comme aujourd’hui où on est plus tolérant, les garçons peuvent s'habiller comme des filles, ça dérange moins.

FRANCUS. Où as-tu grandi ?

R.Kirstetter : J'ai grandi en région parisienne, en Seine-Saint-Denis, jusqu’à mes 5 ans. Mon père est du Doub, mais a travaillé et fait ses études à Paris. 
Par la suite, après des déceptions dans le cursus public de médecin, mon père a quitté l'hôpital et a trouvé un poste en Haute-Savoie. Nous nous sommes donc installés à Annemasse et ensuite on est arrivé à Lyon.
Je ne suis pas quelqu'un qui a une attache à une ville particulière. J'ai souvent déménagé.


FRANCUS. Comment était ton enfance ?  

R.Kirstetter : Je n'aime pas l'école, je le dis, je n'ai jamais aimé ça et ça a toujours été une souffrance.

Petit, à 5 ans, je ne sais pas vraiment qui je suis. Je suis là à l'école, je m'ennuie, il n'y a pas de créativité. J’en parle au professeur qui n'entend pas trop. J’en parle surtout à mes parents, je leur demande de sauter des classes car vraiment c’est l'ennui. Mes parents avaient refusé évidemment, mais je ne leur en veux pas. 

Le cadre de l’école m’a restreint, je n’arrivais pas à m’exprimer artistiquement dans cet environnement cloisonné, ma créativité ne sort pas, je ne me sens pas libre. 


“L’art pour moi passe par le corps.”

J'étais avide de connaissances. J'avais envie d'apprendre à lire. J'avais envie de pouvoir lire mes bouquins de médecine. Je me sentais en stase. En fait, je me sentais vide. Je me sentais froid, il ne se passait rien. J'allais là-bas pour ne rien faire, l’art pour moi passait par le corps, pas par le dessin, donc, je demande à aller au CP tout de suite parce que je m’ennuie vraiment en maternelle. Je fais des demandes verbales, et on me fait aller dans une classe double niveau moyenne-grande section.
Plus tard j'arrive dans l’enseignement élémentaire et je me confonds dans la masse. Je décide de faire le caméléon parce que je sens que ça va être compliqué, car je deviens un petit garçon qui n'aime pas trop fricoter avec les filles, je joue un peu au foot, mais au fond, je n’aime pas trop ça. Je joue un personnage.
Je savais que je jouais un rôle. J'avais des amis avec qui ça se passait très bien, mais je savais que sur le côté : foot, filles, jeux de garçons, … je n’aimais pas ça.  C’était simplement des outils de sociabilisation.   
Je me souviens d’une fille avec qui je m’entendais bien. Et ce qui est marrant, c'est que moi, j'étais un garçon avec un ressenti féminin et elle était très mec. Je me rappelle qu'on s'entendait vachement bien à l'école. 
A côté de ça, j'ai aussi deux copains avec lesquels on s’imagine pleins de choses : les Warhammer, les petites figurines que tu peins, les films, les histoires de chevaliers, Le Seigneur des anneaux ou les Jedi. 
Donc voilà à ce moment-là, je suis un petit garçon scindé entre se confondre dans le genre ou s’assumer. Je décide malgré tout de me mettre au rugby.

FRANCUS. De ton plein gré ?

R.Kirstetter : Oui, car je cherchais malgré tout à faire un sport de “mec” et ça me plaisait davantage que le football. Finalement, le rugby ne me plaît pas du tout, et je comprends que je ne suis pas comme les autres garçons. Le pire pour moi dans le rugby, c’était les vestiaires avec les autres garçons. Je ne me sens pas à l’aise. Je ne me douche pas dans les vestiaires. Ma mère, qui vient me récupérer après l’entrainement me dit souvent « Mais douche toi avec les garçons ! ». Et moi je répondais tout le temps “ non, non, non je me douche à la maison”. Quand je regarde les autres garçons autour de moi je les trouve agressifs dans leur manière de faire. Je les trouve brutaux. Je trouve qu'il y a une sorte de contexte un peu phallo-centré, qui est très dérangeant pour moi, bien que je sois à l'aise avec mon sexe. Je ne me sens pas à ma place. 
Rapidement j’arrête le rugby et je m’inscris au basketball. 

FRANCUS. Pourquoi le basketball ?

R.Kirstetter : Mon grand-père a été champion de France de basket, dans les années 50. Quand j’apprends ça, ça me donne envie de me mettre au basket. 
Et là, ça se passe bien. J’arrivais à trouver un côté artistique dans le basket : les sauts acrobatiques, le parquet, …  Je pouvais davantage faire bouger mon corps. Il y avait ce côté explosif, souplesse, saut, adresse, jeu d'équipe, stratégie, concentration. Du coup, à ce moment-là, je projette de devenir professionnel, et de faire un cursus sport études. Mes parents sont plutôt d’accord d’ailleurs. 
Les entraîneurs disent de moi que j’ai du potentiel, mon seul défaut est que je ne suis pas très grand pour le basket. À l'époque, j'ai un physique sec, dynamique et pas très grand.
Je séduis moins de clubs que d’autres. Je le sens. Je fais quand même les détections pour l'équipe Rhône. Rapidement je me fais éjecter du processus de recrutement car je n’avais pas pris les choses assez au sérieux.
Au final, je rentre au collège et en même temps, il y a la médecine qui ne m'a pas quitté depuis. Et je me dis Rémi, il faut faire un choix.
En fait, j'ai très envie d'être médecin et avec sport études, ça deviendra incompatible.
Donc c'est mort pour le basket.  

 

FRANCUS. Comment se passe le collège pour toi?

R.Kirstetter : J’ai détesté le collège. Parce que c’est la puberté, l'adolescence et je me rends compte que je n'aime pas l'école, c'est dur. Les seules matières où je me sentais vraiment libre c'est l'art plastique et le club d'écriture. Je suis un gamin qui lit déjà beaucoup. Je ne suis pas dans les conventions. J'ai du mal avec les garçons. Comme d'habitude, j'ai toujours eu du mal avec les garçons. Je n'aime pas les stéréotypes du genre du garçon. À l'adolescence, j'étais avec beaucoup de garçons, très virulents. Donc j'ai un problème avec les garçons. J'ai une grosse part de féminité, de créativité, d'artistique et je ne me sens pas à l'aise avec la représentation de cette adolescence-là. En ce qui concerne les filles, elles m’aiment bien mais je ne l’accepte pas car à l'époque, ce n’est pas cool d'être ami avec les filles.

FRANCUS. Te questionnes-tu sur ton orientation sexuelle à ce moment-là ? 

R.Kirstetter : Je n'ai jamais été attiré par les garçons. J'étais attirée par les filles dès l'élémentaire. Je les trouvais belles et j'ai toujours eu une attirance pour la beauté du féminin aussi. Sensible au parfum, un aspect très multidimensionnel de la féminité. Mais je fais encore le caméléon, je suis quand même pote avec des mecs qui sont à l'antipode de moi. La sociabilisation, c'est dur mais il faut tenir au collège. La 6ème ça se passe très bien, mais la cinquième ça commence à se dégrader. J'ai des bons résultats en soit, mais en dents de scie.
Je pars de ce collège en quatrième pour arriver en troisième dans Lyon. Mes parents déménagent parce que j'avais comme but d'aller au Lycée du Parc. Le lycée se passe plutôt bien dans l’ensemble.

“Je faisais de la danse en cachette sans le dire à mes parents.”


FRANCUS. Comment développes-tu ton côté artistique ?

R.Kirstetter : Au début, je fais de la danse en cachette sans le dire à mes parents. Je découvre la danse classique à 15 ans,  donc très tardivement. Je m’achète des demi-pointes. C’est dur de le cacher à mes parents. Je fais aussi du théâtre au club du lycée. C’est le seul souvenir de bonheur que j’ai de ma scolarité. Je découvre ça et je me dis c’est génial, tu peux être qui tu veux et personne ne te juge. Durant tout le lycée j’écris beaucoup également, j’écris énormément de poèmes parce que j’en lis beaucoup. Victor Hugo surtout. 
Ça me nourrit. Quand Flaubert analyse et dissèque Madame de Bovary, je tombe amoureux d’elle. C’est possible de tomber amoureux d’un personnage et ça nourrit mon imaginaire et je vis là-dedans. Je m’amuse à écrire dans le même style. Je découvre aussi Marcel Proust et je commence à lire du côté de chez Swann.

FRANCUS. Comment se déroulent tes études en médecine ?

R.Kirstetter : Quand j’arrive en première année de médecine à Lyon, je ne comprends pas trop ce qui m’arrive. Ça te paraît irréalisable, trop de cours, trop de gens… Je gâche ma première année. J’habite en coloc avec un pote du lycée mais en fait je vis plutôt chez sa mère, je loue une chambre mais je n’y suis jamais. Je suis mal classé : 1200ème. En fait je suis super prétentieux à cette époque je me dis que comme mon père est médecin, je vais réussir. J’avais pris une prépa pour médecine mais je n’y allais pas assez. Donc logique je me plante. 
Au final j’arrive à 4 places de médecine mais je fais le concours de sage-femme. J’avais toujours dit à mes parents que la maternité c’était un monde qui m’intéressait. Je suis arrivé dans les premiers du concours de sage-femme.

 

Le fait qu’il y ait que des femmes hyper souples, ça me complexe [...] Je me mets au premier rang devant la professeure, comme ça je ne vois pas les autres et je ne me compare pas [...] Je laisse l’égo de côté.


FRANCUS. Pourquoi sage-femme  ?

R.Kirstetter : Je voulais un rôle avec des responsabilités, des moments un peu chauds. Il y avait aussi un petit côté provoque car c’est peu courant un homme sage-femme. Au final ça se passe bien, je suis à l’aise dans l’univers des sages femmes. Il faut être sensible en tant que garçon car il faut se mettre à la place des femmes pour les comprendre. C'est un métier qui me plaît car tout passe par le toucher, il faut également rassurer et apaiser les angoisses des femmes enceintes. 
Malgré cela, les études de sage-femme se font dans la douleur car c’est très dur. Lors de la 4ème année je prépare la passerelle médecine parce qu’il y a quand même un sentiment d’inachevé. C’est un dossier avec lettre de motivation. Il y a énormément de demande donc c’est très codifié. Donc les 4ème et 5ème année de sage-femme sont compliqués. Finalement, je suis accepté en médecine (avec mon diplôme de sage-femme en poche), et je suis très heureux. On est en 2018, j’ai 24 ans et je démarre une nouvelle vie.
C’est à ce moment que le yoga rentre dans ma vie. En fait, je vois ça de loin pendant un bon moment. Je suis un gars assez stressé et j’entends parler de cette discipline et de ses bienfaits. Coup de chance, il y a une salle de yoga à côté de chez moi. J’y vais et je parle avec la gérante, je suis intéressé par le côté spirituel. Je prends un pass découverte pour 1 mois. Et depuis je n’ai plus jamais arrêté. Le fait qu’il y ait que des femmes hyper souples, ça me complexe un peu au départ. Donc je me mets au premier rang devant la professeure, comme ça je ne vois pas les autres et je ne me compare pas et la professeure peut corriger ce que je fais. Je laisse l’égo de côté. Je progresse assez vite.

 

“ Le yoga permet d’arracher petit à petit des couches de peur. J’ai cette conviction de me connecter à mon être”

“Le but du yoga c’est de retourner au code source. Pour moi c’est le côté artistique, la danse, le côté genré, c’est ça mon code source.” 



FRANCUS. Que t'apporte le yoga à ce moment là?

R.Kirstetter : Ça me fait du bien, je prends un plaisir à avoir le corps étiré et comme je suis perdu ça m’aide à avoir un truc quotidien à faire. Je vais à Yoga Room tous les jours. J’aimais bien les profs. Je suis dans la découverte en fait. 
Le yoga m’apporte : interroge-toi. C’est surtout la lecture sur le yoga qui me dit : interroge-toi. Je me sens une meilleure personne, capable, ouverte, réfléchie, aware. Il y a une philosophie Nietzschéenne que j’aime beaucoup, il est d’ailleurs très inspiré des Hindous. Il dit que la maturité consiste à retrouver l’innocence de l’enfant. La pratique permet d’arracher petit à petit des couches de peur de tout ce que tu veux. J’ai cette conviction de me connecter à mon être. Parfois ça se passe super vite, il y a une porte tu l’ouvres comme dans Matrix 2. Le but du yoga c’est de retourner au code source. Pour moi c’est le côté artistique, la danse, le côté genré, c’est ça mon code source. 

 

FRANCUS. Tu n’as jamais pensé à abandonner le yoga ?

R.Kirstetter : Si, tous les gens même très motivés ont parfois envie d’arrêter. Ça m’est arrivé quand j’ai eu ma blessure par exemple. Après je me suis agrippé. J’étais pourtant assez athlétique en arrivant. Mais j’ai déjà eu pas mal de blessures liées à la souplesse et c’est aussi ce qui construit ma pratique. 

“Le genre masuculin s’intéresse au yoga seulement quand il y a des handstand.”


FRANCUS. Que réponds-tu aux hommes qui disent que le yoga n’est pas une activité physique, pas un sport ?

R.Kirstetter : En réalité c’est le même stéréotype qu’avec la danse. Je n’ai pas envie de dire que le yoga est un sport, c’est une vision occidentale. Ce n’est pas un sport car il n’y a pas de compétition. Par contre c’est évident que c’est une activité physique, je brûle des calories, je transpire. En tant que médecin d’ailleurs, je vous le dis une activité physique ça peut être n’importe quoi. Courir avec son chien, faire la lessive sont aussi des activités où l'on brûle des calories. 
Puis être doux, attentionné c’est aussi être un homme. Je me complais très bien dans le yoga et mon côté artistique tout en étant hétéro. Le yoga est arrivé en occident avec une image “bien-être”, ça a amené le yoga à être enraciné dans un cliché féminin. Le genre masculin s’intéresse au yoga seulement quand il y a des handstand. Dans la pratique ça ne sert à rien. Quand tu donnes un cours de yoga, les mecs vont tous vouloir faire la planche, mal la faire et se faire mal parce qu’ils veulent être de « vrais » hommes. 

 

“J’ai découvert que j’étais aussi une femme, en moi il y a une femme. Il y a un ressenti de femme. Je m’identifie à certaines femmes.”

FRANCUS. Peux-tu nous parler du rôle des femmes dans ta construction d’homme et dans ta vie.

R.Kirstetter : Quand j’arrive à 20 ans dans le monde des sages-femmes il n'y a que des femmes ! C’est un métier quasi exclusivement féminin et de surcroît on accompagne des femmes. Il y avait 150 étudiants, j'étais le seul gars. Mes patientes, mes tutrices, mes professeures n'étaient que des femmes. Mais je me sens bien avec toutes ces femmes autour de moi. J’arrive même pas en tant qu'homme, j'arrive en tant que garçon. J’adore me dire que je suis dans ce milieu de femmes, je suis ambivalent. Ces femmes elles m’ont appris l’humilité, la médecine, l’art du soin, l’art de déceler l’inquiétude de la femme enceinte, cette volonté d’aller derrière ce que te montre le patient. “Sécurité émotionnelle”, “sécurité affective”, etc. je n’imaginais pas que c’était ça la médecine, moi j’étais très scientifique avant. 
Elles m’ont appris à être connecté, à l’écoute, à ne pas précipiter le temps. Elles m’ont appris à investir le temps. Quand tu es sage-femme, médecin, etc. on te donne quelque chose, et il faut une capacité émotionnelle pour ressentir ces choses-là. C’est cette capacité là qu’elles m’ont appris. Ça a amplifié ma vraie nature qui n’était pas en fait dans la médecine scientifique mais plutôt dans le côté humain, prendre soin des gens, le “care”. J’ai compris que j’avais une disponibilité psychique pour les gens. Elles m’ont aidé aussi à comprendre qui j’étais. Je suis empathique, j’aime être soignant et m’occuper des gens. J’ai découvert que j’étais aussi une femme, en moi il y a une femme. Il y a un ressenti de femme. Je m’identifie aux femmes qui sont enceinte, qui accouchent. Je me dis pas que je veux absolument ressembler à une femme mais ce côté-là est bien présent pour moi. Je voulais faire partie de ce clan des femmes. Je ressentais les mêmes préoccupations, je suis dans le même monde.

“Les hommes féminins ne sont pas forcément gays.”

FRANCUS. Peux-tu nous en dire davantage sur ton coté femme et ton coté homme ?

R.Kirstetter : On m’a traité d’homo car j’ai du féminin en moi. Ce côté féminin, je l’appelle le Yin. Je dis « j’ai une grande part de Yin en moi ». J’ai une identification à l’identité de femme plus importante que certains hommes. J’aime les codes vestimentaires féminin, je trouve ça esthétique, le corps de la femme je le trouve beau. La plupart des mes amis sont des femmes. Mais ça m’empêche pas d’aimer les femmes et de pas être homosexuel. Les hommes féminins sont pas forcément gays, il y a des hommes beaucoup plus masculins que moi qui sont gays. Il ne faut pas coller d’étiquettes. On ne peut pas me mettre dans une case.
J’ai appris à être un homme en assumant mon côté femme.