Vincent Limare, le combat d'un judoka

À l’occasion de sa reprise sportive en septembre, on a eu la chance de pouvoir interviewer le multiple champion de France de judo, Vincent Limare. Son parcours sportif, ses motivations, ses plus mauvais souvenirs, ses meilleurs, ses futurs objectifs, … pour FRANCUS il a pris le temps d’aborder tous ces points. 

FRANCUS. Salut Vincent, pour commencer, peux-tu te présenter ?

Vincent Limare. Je m’appelle Vincent Limare, je suis né à Rouen et j’ai 28 ans. Je fais partie de l’équipe de France de Judo et j’ai été multiple champion de France. J’ai également  3 médailles européennes de judo et enfin été médaillé sur des tournois du grand chelem (Paris, Bakou) et finaliste de masters, compétition regroupant les 16 meilleurs mondiaux, liste dans laquelle je figure  dans ma catégorie de -60kg. 
En parallèle de ma vie d’athlète de haut niveau, je suis coach sportif individuel privé. J’ai commencé cette activité et passé mon diplôme de coach un peu par hasard. Je voulais initialement corriger des choses que je faisais mal en musculation qui ont provoquées une hernie. Et puis c’est devenu une vraie passion. 

FRANCUS. Quel type de coaching fais-tu ? 

VL. Oui, sans citer de nom, je coache et m’occupe de la préparation physique de personnalités et célébrités: des chanteurs, des acteurs, des chefs cuisiniers, je m'occupe également de chefs d'entreprises et de salariés. C’est intéressant et enrichissant d’échanger avec eux car ce sont des personnes spécialistes dans leur domaine.

 

FRANCUS. Comment fais-tu pour lier ta passion pour le judo et ton activité de coach sportif privé maintenant ?

VL. Je suis un garçon hyperactif. J’ai remarqué que les années où j’ai été le plus performant au judo c’était des années où j’étais occupé à côté, où j’avais les études en parallèle par exemple. C’est vrai qu'en ce moment, en plus de mon activité de coach sportif, je viens de finaliser et d'obtenir mon diplôme d'entraîneur de judo. L’idée ce serait peut être à terme de reprendre une structure de judo ou d'entraîner l’équipe de France. Et je suis également sous contrat avec la SNCF donc je leur dois des jours en parallèle. Je m’ennuie très peu !

FRANCUS. Ça te stimule toutes ces activités ?

VL. En fait, je marche beaucoup sur les challenges. Plus j’ai des choses à faire, plus j’ai des challenges. J’ai l’impression d’apprendre pleins de choses, de faire beaucoup de rencontres et d’acquérir beaucoup d'expérience. Mais le judo reste ma priorité quand même. Je suis rentré en sport études j’avais 14 ans, donc c’est mon quotidien depuis des années le judo. 

“Mon grand-frère c'est ma première inspiration."  

FRANCUS. Comment a démarré ta passion pour le judo ?

VL. J’avais 4 ans quand j’ai commencé le judo. En fait, j’avais un grand frère hyperactif et comme le judo c’est un sport qui prend les enfants jeunes, mes parents l’ont mis au judo très tôt. D’ailleurs pour l’anecdote mon frère a fait aussi un peu de haut niveau, il a été vice champion de France. Et quand je le regardais en étant petit ça m'a donné envie de faire du judo aussi, donc dès que j’ai pu je me suis mis à fond dans cet art martial. C’est mon grand frère, mon inspiration première.

FRANCUS. Qu’est-ce qui t’inspire dans ce sport ?

VL. Je voyais mon frère performer, et s’amuser dans le judo. Donc ça m'a donné envie, car il y a cette notion de jeu et d’amusement que j’ai toujours voulue garder. Puis c’est un sport qui demande de l’engagement physique et de la réflexion, et c’est ce que j’aime dans ce sport.

 FRANCUS. Le chemin n'a pas dû être simple pour en arriver au haut niveau. Comment l’as-tu vécu ?

VL. Oui déjà c’est l’éloignement familial, très jeune et dès l'âge de 14 ans. D’abord j’ai été dans un internat à Rouen où je suis rentré en pôle espoir avec des entraînements 2 fois par jour car mes parents ne pouvaient pas faire les aller-retour tout le temps. Puis plus tard je suis parti à Strasbourg en pôle France. Le plus difficile lorsqu’on est si jeune, c’est l’éloignement avec la famille et les amis.  

FRANCUS. Comment as-tu fait pour garder le cap ? 

VL. Je suis très excessif, quand je fais un truc je le fais à fond. Donc même s’il faut s'entraîner dur je vais le faire. Je fais preuve de résilience pour atteindre mon objectif et c’est ça qui m’a servi. J’arrive à repousser mes limites et c’est ce qui m’aide beaucoup. Je suis capable de faire beaucoup d’efforts sur une période, même si les conditions sont dures, pour atteindre mes objectifs.

"10 000 personnes qui crient mon nom, c’est fort !"

FRANCUS. Peux-tu nous raconter les événements marquants de ta carrière de sportif ?  

VL. Il y a pleins de moments clés dans ma vie, c’est pas facile d’en choisir qu’un. Par exemple, j'ai eu ma première médaille au championnat de France senior alors que j’étais encore en junior. A 18 ans je faisais le Grand Chelem de Paris, c’était incroyable ! 

Mais si je devais retenir un souvenir inoubliable, c’est ma victoire en demi-finale du grand Chelem de Paris (ndlr événement majeur dans le calendrier international de Judo du fait de son label « super coupe du monde et  l'un des tournois qualificatifs pour les Jeux Olympiques.), contre l’un des meilleurs athlètes du moment, le champion d’Asie. 
Je gagne à Bercy (Aujourd’hui AccorHotel Arena) avec 10 000 personnes qui crient mon nom, c’est fort ! J’ai eu des frissons, ce sont des émotions intenses. Un autre moment fort c’est la finale des Masters quand je bats le japonais au premier tour alors qu’il avait plus perdu depuis 2 ans. A ce moment-là, j’ai toutes les télévisions japonaises qui m’interrogent, ça m’a marqué. Donc voilà tu vois, au final, ce sont pas forcément les titres de champion de France mes meilleurs souvenirs. C’est l’histoire qu’il y a derrière qui va donner des moments forts.

“ça a été un véritable coup de massue pour moi” 

Pour les souvenirs moins drôles, c’est quand je me retrouve dans le top 8 mondial, donc tête de série pour les Jeux. On est 3 athlètes français, il y a Teddy Riner, qui est le numéro 1 mondial dans sa catégorie, il y a Cyrille Maret qui est numéro 5 mondial et moi qui suis numéro 8 mondial. Et au moment de l’annonce des sélections pour les Jeux Olympiques, le DTN (Directeur Technique National) m’appelle et me dit que je suis pas retenu pour les JO de Rio au Brésil et qu’ils ont pris un autre athlète français, numéro 15 mondial. Donc ça a été un véritable coup de massue pour moi,
C’est très rare qu’une tête de série ne fasse pas les Jeux, donc c’est vraiment dur à ce moment-là. 

FRANCUS. Comment as- tu fait pour rebondir suite à cette décision ?

VL. Il m’a fallu quelques jours pour digérer. Puis j’ai demandé, au numéro 1 des entraîneurs garçons de l’époque, une réunion pour qu’on puisse discuter de cette non sélection car j’avais besoin d’explications. Ce qui m’a encore plus déçu, c’est qu’à l’époque il m’a dit « c’est la décision du comité de sélection, je ne souhaite pas échanger là-dessus ». C’était vraiment un manque de respect pour moi, qu’on veuille pas me donner d’explications. Alors que c'était un entraîneur qui m'entrainait tous les jours. Donc jusqu’à ce jour je ne connais pas la raison de ma non sélection. Pendant plusieurs mois je ne te cache pas que ça a été difficile et frustrant, je suis parti en vacances en Grèce pour essayer de me ressourcer, profiter du soleil. 

FRANCUS. Qu’est ce que ce moment difficile a changé dans ta carrière ?

VL. Ça m'a fait grandir sur le plan personnel. J’ai accepté que des injustices puissent arriver dans la vie. Ça m'a fait grandir en tant qu’homme. C’est sûr que ça reste une immense déception, mais je retiens le positif, le judo m’a fait voyager dans pleins de pays et m’a apporté beaucoup.

Depuis je n’ai pas baissé les bras, j’essaye juste d’éviter de me blesser et je me remettrais à fond dans le judo quand j’aurais des échéances. J’essaye de me ressourcer mentalement et psychologiquement car c’est important. C’est une année un peu particulière mais j’ai pu passer mon diplôme d'entraîneur et faire des rencontres. Je sais que je serai capable de refaire les efforts à 100% quand il le faudra.

FRANCUS. Quels sont tes prochains objectifs ?

VL. Les Championnats du Monde, les Championnats d’Europe et pourquoi pas finir avec le graal les Jeux Olympiques de Paris 2024. La saison reprend en septembre, donc j’ai recommencé ma préparation dès juin, pour être à 100% à la rentrée. L'objectif imminent c'est Sarajevo ! (Open européen de Judo de Sarajevo ndlr)

FRANCUS. “Francus” signifie “homme libre”, qu’est ce cela signifie pour toi ?

VL. Ça m'évoque la liberté de nos choix. L’homme libre c’est l’homme qui assume ses choix, qui est libre de faire ce qu’il a envie, ce qu’il aime et ce qu’il veut.

“C’est une tenue élégante et sportive, je présente bien avec.” 

FRANCUS. Un mot sur les produits Francus que tu portes ?

VL. J’aime beaucoup la matière. J’aime le côté sport sans que ça fasse cliché. Ça fait chic. On sent que les matériaux et les finitions sont de bonne qualité.

Le t-shirt Francus je le mets surtout pour des activités comme la musculation ou pour coacher des personnes. C’est une tenue élégante et sportive, je présente bien avec. 

FRANCUS. Pour conclure qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

VL. Une reprise du judo avec beaucoup de performances dès le mois de septembre. Et pour conclure vive le sport, vive le judo et vive Francus ! (rires)